Si les Académiciens meurent, ma volonté de devenir l'une des leurs ne s'éteint pas.
Néanmoins, ayant appris le chemin que l'on doit parcourir pour y parvenir, flatter les unes et les autres - et surtout les uns - leur prodiguer quelques soins appropriés... étant donné leur grand âge, et faire le pied de grue (shocking !) dans les couloirs de la noble maison, j'ai quelquefois envie de renoncer, sans toutefois me résigner.
Récemment, Jean d'Ormesson avoua qu'il avait le coupable dessein de faire entrer sous la coupole l'acteur Fabrice Luchini, trublion de la Comédie Française et de la Comédie tout court.
Fabrice Luchini, peut-être tenté par l'immortalité, a enfin écrit son autobiographie. Il était temps ! Il a déjà 65 ans ! Néanmoins, il est encore beaucoup trop jeune pour faire son entrée à l'Académie.*
Jean d'O et Fabrice s'entendent comme larrons en foire et en les entendant parler ensemble, j'ai compris pourquoi Fabrice s'attriste de ne pas avoir d'autre ami que Jean. Dès que l'un ouvre la bouche, les mots jaillissent de celle de l'autre jusqu'à ce que le mieux élevé s'arrête pour l'écouter. Mais dès que la parole est donnée à Fabrice, personne ne peut la lui reprendre. Le dernier qui a parlé a toujours raison !
Je crains que les ambitions du petit coiffeur devenu acteur, lecteur des grands auteurs et capable de les citer tous les uns à la suite des autres, ne s'arrêtent à la porte de la vénérable maison. Quoique ! Comme les immortels ont tous tendance à s'ennuyer aux séances du jeudi, la voix de Fabrice pourrait calmer les insomnies de nombre d'entre eux avec cependant des sursauts lorsqu'il s'énerve.
Eriam
*C'est sans doute pour cela que ma candidature n'a toujours pas été acceptée, en dehors de ce que j'ai écrit plus haut.
Les morts célèbres de la semaine
De mort naturelle à 94 ans, Yves Guena homme politique et écrivain français. Gaulliste de la première heure, il a été député, ministre, sénateur, conseiller général et maire puis membre du Conseil constitutionnel français.
De mort intentionnelle il y a 25 ans, Serge Gainsbourg chanteur pervers et père de Charlotte. Que reste-t-il aujourd'hui de cet homme sulfureux qui incita publiquement les petites filles à la fellation et autres pratiques sexuelles, brûla des billets de banque sur les plateaux de télé, fuma des cigares partout et en tous lieux, et massacra la Marseillaise ? Même pas un tas de cendres. Et pourtant, les médias continuent à le vénérer et à l'exhumer régulièrement (façon de parler). Ainsi que le disait hier le philosophe Raphaël Enthoven : aujourd'hui Gainsbourg est nécessaire parce qu'il est impossible.
